Secteurs économiques
Les ressources naturelles
Les richesses minérales ne sont pas très importantes. Les mines de charbon et de bauxite ont fermé dans les années 1970 et 1980. Les ressources en produits minéraux non-métalliques utilisés comme matières premières dans la construction (gravier, sable, marne, pierre) sont, elles, considérables. La Croatie dispose de ses propres sources d'énergie, y compris pétrole et gaz, et surtout de sources renouvelables d'énergie, telles les énergies éolienne, hydraulique et solaire. Des quantités considérables de sel sont, enfin, extraites de l'eau de mer (salines de Pag, de Ston et de Nin).
L'agriculture et la pêche
La Croatie dispose d'un total de 1,5 millions d'hectares de terres agricoles dont 0,9 million est cultivé alors que le reste est constitué de prés et de pâturages. Les différents types de climat, de relief et de sol permettent la production d'un vaste assortiment de produits agricoles allant des cultures alimentaires et industrielles aux vignobles ou fruits et légumes continentaux et méditerranéens. L'agriculture couvre les besoins nationaux en céréales, en plantes oléagineuses et en sucre, ainsi que la plupart des besoins en plantes industrielles. La Croatie est un pays viticole cultivant des espèces de raisin continentales et méditerranéennes, parmi lesquelles on trouvera également quelques espèces autochtones. Les vignobles de Croatie s'étendent sur 21 000 hectares et, en 2021, la production de vin était de l'ordre de 765 000 hectolitres.
L'huile d'olive d'Istrie a remporté de nombreux prix pour sa qualité et elle se range, de par ses propriétés, parmi les meilleures huiles au monde. En 2019, la Croatie a produit 45 000 hectolitres d'huile d'olive.
L'élevage en Croatie a, traditionnellement, une grande importance, en particulier l'élevage bovin, l'élevage porcin, l'élevage avicole et l'élevage ovin. Le saucisson kulen de Slavonie, le jambon cru de Dalmatie et d'Istrie et le fromage de brebis de l'île de Pag sont des produits de réputation mondiale et d'indication géographique protégée (IGP).
La pêche et la transformation du poisson se rattachent généralement à la région côtière et insulaire. En 2021, 84 097 tonnes de possons de mer et 3970 tonnes de poissons d'eau douce ont été pêchés ou élevés. Dans la pêche maritime, c'est le poisson bleu (sardine, anchois) qui domine, tandis que les espèces de poisson blanc ainsi que les coquillages et autres mollusques ne représentent qu'un quart de la pêche. Pour les poissons d'élevage, la carpe, la carpe à grosse tête et la truite sont les principales espèces d'eau douce.
Plus de 30 produits alimentaires et agricoles croates bénéficient des labels européens d'authenticité ou d'appellation d'origine protégée. Citons entre autres le kulen de Slavonie, le jambon cru de Dalmatie et d'Istrie, la pancetta dalmate, le fromage de brebis de Pag, les pâtes au four zagorski mlinci, la galette poljički soparnik et la mandarine de la Neretva.
L'industrie, l'énergie et le BTP
La production industrielle représente une partie considérable de la production totale de la Croatie. L'industrie de transformation, l'industrie pétrolière et l'industrie de transformation des métaux ont une importance toute particulière. Certaines entreprises ont fermé lors du processus de transition économique ou ont été dévastées durant la guerre. Ont été particulièrement touchées les usines de textile, les manufactures de transformation des peaux et du cuir, l'industrie du bois et des métaux, ainsi que certains grands chantiers navals. La construction et l'énergie constituent également des secteurs de production importants. Par ailleurs, plusieurs industries continuent à afficher des résultats positifs et jouent un rôle dans le commerce extérieur. En 2019, la vente de produits industriels a atteint le montant de 153,35 milliards de kunas (20,35 milliards d'euros) dont 64,13 milliards d'euros (8,51 milliards d'euros) à l'exportation. Le revenu le plus élevé a été réalisé par le secteur alimentaire et celui des boissons et du tabac, viennent ensuite l'industrie chimique et l'industrie pétrolière. Les meilleurs résultats à l'exportation ont été réalisés par l'industrie de transformation (81%).
En 2021, les produits les plus exportés étaient les produits alimentaires (9,5 %), les équipements électriques (9,4 %), les produits finis métalliques (8 %), les machines et appareils mécaniques (6,9 %), les produits pharmaceutiques (6,6 %), le coke de pétrole et les dérivés du pétrole (6 %), le bois et ses dérivés (5,9 %), les métaux (5,2 %), les produits d'habillement (4,6 %), les véhicules motorisés (4,1 %), les produits plastiques et caoutchouc (4 %), les produits minéraux (3,9 %), les ordinateurs et équipements électroniques (3,7 %), de cuir (2,8 %), de papier (2,3 %), les produits d'ameublement (1,8 %), les produits textiles (1,2 %), les boissons (1,1 %) et les produits du tabac (1 %).
Le secteur énergétique se base surtout sur l'énergie électrique, le gaz et le pétrole. En 2021, la production d'énergie électrique était de 15 040 GWh. Environ la moitié de cette production provient de centrales hydroélectriques et le reste, de centrales thermoélectriques. Une partie de la production nationale s'exporte périodiquement. La production de gaz naturel et de pétrole ne couvre pas les besoins nationaux. Les gisements pétroliers de Slavonie, Posavina (Moslavina) et Podravina ne couvrent que 20 à 25 % des besoins tandis que la production de gaz naturel les couvre à 45 %.
Jusqu'à la récession de 2009, le bâtiment et les travaux publics (BTP) était l'un des secteurs les plus dynamiques, en particulier pour ce qui est des constructions routières et de la construction de bureaux et de logements. A partir de 2009, le nombre de projets de construction a largement diminué, mais il a connu une nouvelle recrudescence après la sortie de récession.
Les services, le commerce et les transports
Le réseau routier croate regroupe 26 960 km de routes toutes catégories dont 1417 km d'autoroutes et semi-autoroutes. Le nombre de kilomètres d'autoroutes construits par rapport à la superficie et à la population de la Croatie la place à la première place en Europe du Sud-Est. La première autoroute Zagreb-Karlovac a été ouverte à la circulation dès 1972, mais le réseau d'autoroutes n'a véritablement commencé à se développer que vers la fin des années 1990 et au début des années 2000. Le réseau international de routes européennes (routes E) inclut plus de 2 255 km de routes croates. La plupart des transports de passagers et de marchandises se font par route.
La longueur totale des voies ferrées est de 2 617 km (dont 37 % sont électrifiées et 11 % sont à double voie). Les principaux nœuds ferroviaires sont Zagreb et Vinkovci.
La construction navale jouit d'une riche tradition en Croatie. Le volume d'exportation de la production navale des grands chantiers de Split, Rijeka et Pula figurait dans les années 1960 et 1970 parmi les plus importants au monde. Récemment les petits chantiers navals de l'Adriatique (tels Betina, sur l'île de Murter, Vela Luka sur l'île de Korčula, Solin, Kaštel Sućurac, Rab et Šibenik) et de l'intérieur du pays (par exemple à Čakovec et Zagreb), qui construisent des bateaux de plaisance et de cabotage, réalisent de meilleurs résultats.
Parmi les 350 ports et mouillages existant le long de la côte adriatique, les ports de Pula, Rijeka, Zadar, Šibenik, Split, Ploče et Dubrovnik participent au commerce maritime international. Le port de Rijeka se distingue par sa position stratégique et par son trafic portuaire. Les îles sont reliées à la côte par des lignes régulières de ferries et de bateaux reliant en partie aussi les côtes croate et italienne. Vukovar, sur le Danube, est le port principal des voies navigables de l'intérieur du pays.
Les aéroports de Zagreb, Pula, Split, Dubrovnik et Osijek ainsi que les aéroports sur les îles de Brač et de Krk (pour Rijeka) assurent les liaisons aériennes internationales.
Le transport du pétrole est assuré par le système JANAF, ou oléoduc de l'Adriatique, reliant le terminal pétrolier d'Omišalj, sur l'île de Krk, aux raffineries de pétrole de Rijeka et de Sisak et des embranchements en partent ensuite vers les pays voisins. Sa longueur totale est de 780 km, dont 631 km sur le territoire de la Croatie.
Le réseau de télécommunications, entièrement numérique, est le plus moderne du sud-est européen. Le marché des télécommunications a été libéralisé et compte plusieurs opérateurs de téléphonie fixe et mobile. En 2021, 86 % des ménages avaient accès à Internet, ce qui est un taux inférieur à la moyenne de l'Union européenne, mais néanmoins plus élevé que dans certains autres Etats membres.
Pour ce qui est des échanges commerciaux internationaux, le montant des exportations dépasse celui des importations, mais l'écart entre exportation et importation diminue peu à peu depuis quelque temps. En 2021, le montant des exportations était de 18,4 milliards d'euros, alors que les importations atteignaient 28,4 milliards d'euros. La Croatie exporte la plupart de ses produits vers l'Allemagne, l'Italie, la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine, les États-Unis et la Serbie, alors que ses importations proviennent en premier lieu d'Allemagne, d'Italie, de Slovénie, de la Hongrie et d'Autriche.
Le tourisme, qui affiche des résultats record, et les activités afférentes occupent la place la plus importante dans le secteur tertiaire. Dans ce secteur, le meilleur chiffre d'affaires est réalisé par les PME, bien que ce soient les grandes entreprises qui emploient le plus grand nombre de salariés.
Les Fonds européens
En adhérant à l'Union européenne, la Croatie est devenue le bénéficiaire des Fonds structurels et d'investissement européens (Fonds ESI), qui ont apporté une contribution substantielle à son développement économique durable ainsi qu'à la poursuite de son développement social. Pour la période budgétaire 2014-2020, la Croatie disposait de 10,7 milliards d'euros jusqu'à avril 2021, par le biais du Fonds européen de développement régional (FEDER), du Fonds de cohésion (CF), du Fonds social européen (FSE), du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) et du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP), et elle a contracté 12,51 milliards d'euros, soit 117 %. L'orientation fondamentale pour une répartition optimale et une utilisation efficace des fonds de l'Union européenne au cours de la période financière 2021-2027 est fixée par la Stratégie nationale de développement de la République de Croatie jusqu'en 2030 (NRS 2030) et la Nomenclature des unités territoriales statistiques au niveau NUTS 2. La Stratégie propose quatre axes de développement pour la prochaine décennie (économie et société durables, renforcement de la résilience à la crise, transition verte et numérique et développement régional équilibré), tandis que la nouvelle division de la Croatie selon NUTS 2 (Croatie pannonienne, Croatie adriatique, ville de Zagreb et Croatie septentrionale) reflète les besoins réels de développement des régions croates et permet leur développement équilibré.
Dans le budget à long terme de l'Union européenne 2021-2027 qui, avec l'instrument Next Generation EU pour réparer les dommages causés par la pandémie de COVID-19, s'élève à 1,85 milliard d'euros, la Croatie a mobilisé 24,2 milliards d'euros, dont 9,6 milliards d'euros, à savoir 6,3 milliards de subventions et 3,6 milliards de prêts bonifiés, seront affectés au financement des réformes et des investissements dans la relance et la résilience de son économie.
Le cadre financier pluriannuel met à la disposition de la Croatie 9,6 milliards d'euros en faveur de la politique de cohésion et 4,7 milliards pour la politique agricole commune. Avec le plan national de relance et de résilience 2021–2023, comme condition préalable à la réception des fonds du mécanisme européen de relance et de résilience, la Croatie consacrera le soutien financier disponible aux réformes et aux investissements dans l'administration publique et la justice, le système de santé, le marché du travail et la protection sociale. Des investissements seront également réalisés en faveur du renforcement de la compétitivité, de la transition verte, le réseau des transports, l'agriculture, le tourisme et la reconstruction après le tremblement de terre, ainsi que le renforcement de l'efficacité énergétique. Pour la Croatie, les fonds de l'Union européenne seront au cours des dix prochaines années le moteur d'un développement accéléré et d'un renforcement de l'économie, grâce à une numérisation accélérée, à la transition écologique et à l'adoption de nouvelles technologies.